Entre vapeur et confidences
L’eau commençait à tiédir quand tu as effleuré ma main.
— On devrait sortir, non ?
— Si tu veux… mais je crois que j’aurais pu y rester toute la nuit.
Tu as ri doucement, puis tu t’es levé le premier. Les gouttes glissaient sur ta peau, dessinant des chemins que j’aurais voulu suivre avec mes lèvres. Tu m’as tendu une grande serviette blanche, et j’ai quitté la baignoire à mon tour. L’air frais de la pièce m’a enveloppée, contrastant avec la chaleur du bain.
Sur la chaise, deux peignoirs attendaient. Épais, doux, brodés du logo doré de l’hôtel. J’ai glissé le mien sur mes épaules, refermant la ceinture autour de ma taille. Tu m’as regardée un instant, un sourire au coin des lèvres.
— Tu es encore plus belle comme ça.
— Arrête…
— Non. Là, tu n’as rien à prouver, rien à cacher. Juste toi.
J’ai levé les yeux vers toi. C’était simple, et ça m’a troublée plus que tout le reste.
Tu t’es approché du téléphone, nu sous ton peignoir entrouvert.
— Tu veux que je commande quelque chose ? Un verre, peut-être ?
— Oui. Du vin blanc. Froid. Et… un peu de toi.
Tu as ri. La commande passée, on s’est laissés tomber sur le lit, encore humides, les cheveux en désordre. La lumière tamisée rendait tout plus doux.
Quelques minutes plus tard, on a frappé à la porte. Tu as attrapé le plateau, remercié d’un geste, et refermé. Sur le plateau : deux verres élégants, une bouteille perlée de condensation, quelques fraises rouges, posées sur un lit de glace.
— Service cinq étoiles, ai-je souri.
— Et encore, ils ne savent pas à quel point la chambre est déjà bien servie.
Tu as versé le vin, les bulles fines dans le silence. On a trinqué sans un mot, les regards suffisaient. Le liquide frais a glissé dans ma gorge comme un rappel du bain — plus léger, mais tout aussi grisant.
— À quoi tu penses ? as-tu demandé.
— À nous. À ce qu’on vient de voler au monde.
— Voler ?
— Oui. Personne ne saura ce qu’il s’est passé ici. C’est notre secret.
Tu as approché ton verre du mien, les deux s’entrechoquant doucement.
— Et si on recommençait à le voler, ce monde ?
Je t’ai lancé un regard mi-sérieux, mi-amusé.
— Tu veux dire que tu n’as pas eu assez ?
— Avec toi, je n’ai jamais assez.
Tu t’es allongé à moitié sur le côté, ton verre encore à la main, les yeux dans les miens. La conversation a glissé, lentement, sur le fil du désir.
On a parlé de ce qu’on n’avait pas osé se dire au téléphone : nos envies, nos manques, ces images qui nous viennent quand on pense à l’autre, seules dans la nuit.
Je te racontais ma façon d’imaginer nos retrouvailles, toi, ton odeur, ta main sur ma nuque. Tu écoutais, captivé, ton verre oublié sur la table de nuit.
— Tu ne devrais pas me dire tout ça, ai-je murmuré.
— Pourquoi ?
— Parce que je vais vouloir le vérifier tout de suite.
Tu as posé ton verre, lentement. Ton regard est descendu sur moi, puis revenu à mes lèvres.
— Et si c’était justement le but ?
Je n’ai pas répondu. J’ai simplement avancé ma main, attrapé le revers de ton peignoir, et tiré doucement.
— Alors prouve-le.
Tu as posé ton front contre le mien. L’odeur du vin, du savon, de nos peaux mêlées. Les bulles du bain semblaient encore danser autour de nous, invisibles mais présentes, comme si la chambre entière respirait au rythme de nos souffles.
Le reste s’est effacé. Le monde, le temps, la distance.
Il ne restait que ce soir volé, ce bain, ces verres encore à moitié pleins, et deux corps qui refusaient d’oublier qu’ils s’étaient trouvés.
Parle-moi de toi, je ne dirai rien à personne. 🤫✨ 08 95 23 44 22
