Noël sous la robe rouge
Le matin de Noël, la lumière douce filtrait à travers les rideaux. Le salon sentait le pain grillé, la cire des bougies et la résine du sapin. Les guirlandes encore allumées diffusaient des reflets dorés sur les paquets soigneusement disposés au pied de l’arbre. L’ambiance avait quelque chose de suspendu, entre fête et intimité.
Il descendit les marches à pas lents, les cheveux en bataille, encore ensommeillé. Son tee-shirt froissé laissait deviner les traces d’une nuit courte.
— Joyeux Noël…, murmura-t-il, la voix encore chargée de sommeil.
Elle apparut soudain derrière le canapé, un plateau dans les mains. Deux tasses fumantes, quelques sablés maison, et ce regard espiègle qu’il lui connaissait bien. Mais surtout… cette tenue.
Courte, d’un rouge profond, bordée de fausse fourrure blanche. Le tissu épousait ses formes avec une insolence joyeuse. Une ceinture noire soulignait sa taille, et un petit bonnet de Mère Noël penchait sur ses cheveux décoiffés. Elle s’était maquillée légèrement, juste assez pour faire briller ses yeux.
Il resta muet quelques secondes, bouche entrouverte.
— Tu… tu t’es déguisée ?
— Non, répondit-elle avec un sourire, j’ai juste voulu rendre Noël un peu plus intéressant.
Elle posa le plateau sur la table basse et s’approcha de lui d’un pas lent. Le velours de sa robe bruissait à peine. Il la suivait du regard, hypnotisé.
— Tu sais, dit-il en reprenant son souffle, j’étais censé t’offrir un collier.
— Oh ? Et moi, j’étais censée t’offrir une écharpe. Mais j’ai changé d’avis.
Elle s’arrêta tout près, leva les yeux vers lui.
— Tu veux ouvrir ton cadeau ?
— Je crois que je suis déjà en train de le faire.
Il posa ses mains sur ses hanches. Le tissu était tiède, doux, presque vivant sous ses doigts. Le parfum sucré qu’elle portait lui donnait le vertige.
— C’est dangereux, ce genre de surprise.
— C’est Noël, on a le droit d’être un peu imprudents, non ?
Elle se hissa sur la pointe des pieds et l’embrassa doucement. Un baiser léger, d’abord, comme une promesse. Puis plus profond, plus assuré. Il répondit avec la même ardeur. Ses doigts se glissèrent dans ses cheveux, sous le bonnet qui tomba au sol sans qu’aucun des deux n’y prête attention.
Autour d’eux, les lumières clignotaient doucement. Une boule dorée trembla sur une branche du sapin quand ils reculèrent d’un pas, à bout de souffle.
— Tu veux ton café ? demanda-t-elle dans un souffle.
— Plus tard. Là, j’ai autre chose à déballer.
Elle éclata de rire, recula d’un pas, mais il la retint par la ceinture.
— Pas si vite, Mère Noël.
— Tu crois mériter ton cadeau ?
— Après cette année ? J’en suis sûr.
Elle posa les mains sur son torse, glissa les doigts sur le coton froissé de son tee-shirt.
— Alors ferme les yeux.
— Pourquoi ?
— Parce que j’aime quand tu ne sais pas ce qui va arriver.
Il obéit, le sourire aux lèvres. Elle effleura sa joue, son cou, puis s’écarta légèrement. Il entendit seulement le bruit léger du tissu qu’on ajuste, le souffle d’un rire discret. Quand il rouvrit les yeux, elle se tenait juste devant lui, les bras croisés sous la poitrine, la robe un peu entrouverte, laissant deviner plus qu’elle ne montrait.
— Joyeux Noël, murmura-t-elle.
Il s’approcha lentement, l’attira contre lui. Leurs corps se retrouvèrent comme s’ils s’étaient cherchés depuis toujours. Les baisers reprirent, lents et profonds, jusqu’à ce que le monde autour disparaisse.
Elle se laissa guider jusqu’au canapé, leurs rires mêlés au froissement des guirlandes. Tout était léger, spontané, presque enfantin. Deux amoureux encore pris dans la magie de leurs débuts, incapables de s’en lasser.
Le sapin clignotait toujours, témoin discret de leur matin de fête. Le temps s’étirait, tranquille, comme un cadeau qu’on n’a pas envie d’ouvrir trop vite.
Lorsqu’ils se détachèrent enfin, elle posa la tête sur son épaule, le souffle court.
— Tu crois que c’est ça, l’esprit de Noël ?
— Si ce n’est pas ça, alors le Père Noël a tout faux.
Elle rit, un rire clair, léger, avant d’attraper son café refroidi.
— Tu sais, j’aime bien cette tradition…
— Quelle tradition ?
— Celle où je t’offre un cadeau que tu ne peux pas ranger dans un tiroir.
Il leva les yeux vers elle, un sourire complice accroché aux lèvres.
— Dans ce cas, je te préviens : l’an prochain, je veux la version en rouge… et en noir.
— On verra si tu as été sage.
Leurs rires emplirent le salon, se mêlant au parfum du café et des sablés. Dehors, il neigeait doucement. Leurs mains s’étaient retrouvées sur la table, sans qu’ils s’en rendent compte, simplement parce que c’était leur place naturelle.
Et pendant un instant, Noël n’eut plus rien d’enfantin : juste deux cœurs battant au même rythme, sous un sapin illuminé.
Oublie ta journée, détends-toi avec moi. ☕💋 08 95 23 44 22
