Frissons et transgressions

Frissons et transgressions

Ils s’aimaient. Depuis quinze ans. Une affection solide, construite entre lessives et rendez-vous médicaux, entre désirs du soir souvent reportés et tendres baisers du matin. Mais le feu ? Il ne s’était pas éteint. Il sommeillait. Jusqu’à ce qu’elle décide de le raviver.

— On joue ce soir ? a-t-elle glissé, les yeux brillants.

Il a levé un sourcil. Elle n’a rien dit de plus, mais lui a tendu une carte d’hôtel. Une adresse. Une chambre. Un mot : “Viens. Nu sous ton manteau.”

Il a frappé. Deux coups secs.

Elle a ouvert. Nue sous un trench. Escarpins noirs. Regard de louve.

— T’es en retard, a-t-elle murmuré. J’étais déjà en train de me toucher.

Il entre. La lumière est tamisée, les draps défaits. Sur le lit, un bandeau, un plug bijou, du lubrifiant, un petit vibro et un collier noir en cuir.

— Ce soir, t’es à moi. Tu ne dis rien. Tu obéis.

Il hoche la tête, le souffle court. Il est dur, déjà. Elle l’attire par le col, l’embrasse à pleine bouche, le mordille. Puis elle le pousse sur le lit, s’agenouille, et le déshabille lentement. Sa bouche frôle, lèche, mordille, mais elle évite soigneusement son sexe.

— Trop facile, soupire-t-elle. Il va falloir mériter ça.

Elle le bande, l’attache aux barreaux du lit avec des liens qu’elle sort d’un tiroir. Puis elle grimpe sur lui, glisse lentement son sexe humide contre le sien sans l’englober. Elle frotte, gémit, le frustre. Il tente de bouger, mais elle l’immobilise.

— Pas encore. J’ai envie de te voir supplier.

Elle enduit ses doigts de lubrifiant, se caresse devant lui, entrouvre ses lèvres, s’offre à sa vue, puis glisse un doigt dans son propre anus. Un soupir rauque s’échappe de sa gorge. Il n’a jamais vu ça. Pas comme ça. Elle est sauvage, animale.

Puis elle approche le plug, lentement. Et le lui insère. Il gémit. Surprise, brûlure, plaisir.

— Bienvenue dans mon terrain de jeu, mon amour.

Enfin, elle s’empale sur lui. Lentement. Longuement. Sans le quitter des yeux. Chaque mouvement est une onde de choc. Elle accélère. Sa main s’écrase sur sa gorge. Juste ce qu’il faut. Il crie. Elle jouit. Fort. Vraiment fort. Il suit. Puissant. Animal.

Deux semaines plus tard, elle le convoque. Un autre hôtel. Une autre chambre. Cette fois, il entre dans le noir.

Elle l’attend, à quatre pattes sur le lit. Une ficelle dépasse de son sexe. Elle s’est offerte un œuf vibrant télécommandé.

— Tu vas jouer avec moi ce soir. Mais sans me toucher.

Il s’assied. Elle appuie sur la télécommande. Elle gémit. Remue ses hanches. Elle se doigte devant lui, se donne des ordres. Se traite de salope, d’insatiable. Lui, impuissant, la regarde, l’écoute, bandé comme jamais.

— Je veux que tu viennes sans me toucher, souffle-t-elle.

Il tente. Se tend. Résiste. Elle gémit plus fort. Elle se fait jouir, devant lui, encore. Lui n’en peut plus. Il explose, seul, sans la toucher. Et ça le rend fou.

Elle se jette sur lui ensuite, l’embrasse, le lèche, le mord. Le réveille. Le relance. Une deuxième fois, puis une troisième. Ce soir-là, elle le vide comme jamais.

Et puis un soir, après une douche partagée, elle revient nue, un gobelet de verre à la main.

— Devine ce que j’ai envie de faire ?
— Dis-moi.

Elle sourit, se penche, et crache dans le verre.

— Je veux que tu boives ça, pendant que tu me lèches.

Il la regarde, électrisé. Il boit, sans discuter. Elle rit, grimpe sur lui, l’attrape par les cheveux, l’oblige à plonger entre ses cuisses.

— Lèche-moi comme si ta vie en dépendait.

Il obéit. Elle jouit. Longuement. Elle pleure presque. Puis elle descend sur lui, s’assoit à l’envers sur son visage, prend sa queue en bouche et gémit encore.

Le sexe devient rituel. Jeu. Culte. Défi. Chaque rencontre est plus osée. Ils testent, rient, recommencent. Filment. Écrivent. Ils collectionnent les fantasmes dans un carnet noir. Et s’aiment, toujours.

Mais un soir, elle arrive avec un sac et un sourire étrange.

— Ce soir, on inverse tout.

Elle le bande, le menotte, le laisse nu dans une pièce froide. Puis une autre voix surgit. Féminine. Grave.

— Bonsoir, toi.

Elle ne dit rien, mais le regarde. L’autre femme le touche. L’embrasse. Puis recule.

— On ne te fera rien ce soir. Juste te regarder. T’exciter. Te frustrer. Jusqu’à ce que tu cries.

Il est nu. Tendu. Prisonnier de deux regards brûlants. Deux femmes. Sa femme… et une inconnue.

Et il n’a jamais été aussi vivant.

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