Le strip teaseur

Le strip teaseur

La soirée bat son plein. Musique à fond, copines surexcitées, ça fait un moment qu’on a retiré nos sandales pour sentir la fraîcheur de la pelouse sous nos pieds.
Je sais pas si ça vaut l’ambiance d’un match de Ligue 1, mais nous aussi on s’en est jeté quelques-unes des bouteilles… Et je peux vous dire qu’on n’a pas eu besoin d’être arbitre pour les siffler. J’aime bien les dimanches soir d’été.
23h37. J’ai ingurgité tant de cette mauvaise sangria que je ne sais même plus pourquoi je suis là…
Et puis soudain, plus rien. Tout autour, les gens s’écartent. On tire une chaise jusqu’à moi et on me fait asseoir, comme ça, au milieu du cercle qui s’est formé.
À la lueur de la lune et des loupiottes façon guinguette, je n’y vois plus très clair. Enfin si, je la vois ma copine éponyme. Elle sautille, trépigne, ses petits poings serrés comme une gamine devant la vitrine du glacier…
Les premières notes se détachent alors du brouhaha ambiant. « Hot Stuff » de Donna Summer.
Oh merde, je viens de comprendre…
Impossible de fuir. J’ai le cul vissé sur une chaise en plastique, et une escorte digne d’un président des Etats Unis.
C’est alors qu’une espèce de Keen’V low cost fait son entrée, sous les acclamations de la foule électrisée. Le mec est déguisé en commandant de bord, et se déhanche déjà à m’en foutre le mâle de mer.
J’entends qu’on pousse des petits cris. La queue du chat coincée sous le pied de la chaise ? Non, c’est ma copine Olivia.
Le strip teaser est gras. Pas du bide, hein. Mais il est luisant. C’est dégoutant. Je ne sais pas si ses cheveux sont collés à cause du Pento ou s’il a un lien de parenté avec « Pine d’huître », le joyeux scout campé par Antoine De Caunes autrefois.
En tout cas, lui aussi semble paré à monter sa tente, et bien déterminé à me montrer comment il allume un feu… Embrase-moi.
Mais moi, pour le moment, j’ai surtout l’impression d’être un bichon sous les yeux duquel on agiterait une Knacki. À peine me fais-je cette réflexion, que le goût de la saucisse bon marché tout comme la nausée s’emparent de moi.
Quel supplice. J’entends mes copines taper dans leurs mains au rythme de ses mouvements de bassin. Il retire sa casquette blanche ridicule et la pose sur ma tête. Pitié, faites que cela ne finisse pas sur Internet …
Soudain, il ôte sa chemise. Puis d’un geste vif et précis, arrache son pantalon aussi. Et le voilà qui agite ses bonbons devant ma figure tout en se claquant le fessier d’une main assurée. Je suis censée être excitée là ???
Sous les acclamations de la foule, je pose une main sur son torse huileux. Et je commence sérieusement à en avoir ras le beignet.
Phase deux. « You can leave your hat on »
Ah, ce coquin de Cocker. Je me retrouve face à Boule et Bite emballés dans un bout de tissu à paillettes. Pas de bol, je reste de marbre devant cet asticot glabre. Il m’agace. Il porte le string bien mieux que moi.
Sans transition, il opère un volte/fesse et me nargue ouvertement. Il twerk, je bweeerk. La sangria ne passe pas… C’est covid friendly de dégueuler sur un mec qu’on ne connaît pas ?
De toute évidence, le monsieur attend sa petite fessée. Alors que les cris redoublent derrière, je consens à claquer le sien.
*Clac* ça, c’est moi.
*Clap clap clap* ça, c’est eux.
Clou du spectacle, le danseur se retourne vers moi et m’enfourne sans ménagement une bouteille dans la bouche. Just a gigoulot. Et le champagne coule à flot : dans mon gosier et sur mon chemisier.
Pendant que le liquide descend, les bulles, elles, remontent. Par le nez. La scène vue de l’extérieur doit ressembler à un naturiste en train d’essayer de noyer un ragondin écrasé. Sauvez-moi.
Puis d’un coup il se redresse, offrant ainsi son impeccable plastique à la foule en liesse. Tout un tas de mains baladeuses prennent alors d’assaut Serge (nous dirons qu’il s’appelle ainsi), glissant des billets dans ce qui reste de tissu pour cacher ses attributs.
De mon côté, je fouille mes poches à la recherche d’un paquet de mouchoirs. Je ne sais pas encore si c’est pour m’éponger ou pour pleurer, mais je profite surtout de l’attroupement général pour m’esquiver. Les oestro gênent… Il me faut de l’air.
Me voilà à l’autre bout du jardin, transie de froid et plus trempée qu’une Miss Camping au concours de tee shirt mouillé. Cela dit, vu ma tronche je ne risque pas de me voir décerner un prix.
C’est alors qu’une version étouffée de Francky Vincent parvient jusqu’à moi. Aurait-il avalé ses groseilles de travers ?
J’entends des pas dans le gravier. Le bruit d’un briquet. Le strip teaser est là. Je suis un peu gênée, je me suis barrée avant la fin du show et maintenant je suis gelée.
Gentleman, il me propose sa veste à galons et moi, je dis pas non. C’est qu’il n’est pas si mal, habillé.
– C’est votre anniversaire mademoiselle, c’est ça ?
– Je sais pas, je me rappelle pas…
Je me suis réveillée dehors, sur un transat, vers 7h du mat’.
Une veste de capitaine sur les épaules, de la sangria dans les cheveux, et un pincement au cœur…
… mon anniversaire, c’était au mois de Juillet.

Lara

5 réactions sur “ Le strip teaseur ”

  1. Frank Réponse

    Bj est béé LARA cela promet Moi qui croyais que tu touché pas a l’alcool . Amuse toi bien jolie LARA au grand sourire ♡♡☮

  2. Michel Réponse

    J’aime beaucoup… c’est très vivant … très vif… c’est chouette. Vraiment (moi je te le décerne le prix de Miss Camping).

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