Ma première rencontre !
Emma Lemoine n’était pas journaliste par vocation. Elle écrivait parce que les mots étaient moins intimidants que les gens. Spécialisée dans les portraits de personnalités « atypiques », elle s’était retrouvée à décrocher un rendez-vous avec Kaia, une artiste plasticienne aussi célèbre pour ses installations sensorielles que pour ses performances sexuelles exposées dans des galeries underground.
Kaia ne donnait presque jamais d’interview. Elle vivait en retrait, dans un loft-atelier immense en périphérie. Emma, curieuse, intimidée, n’en menait pas large.
À 27 ans, elle n’avait jamais exploré le BDSM autrement qu’en littérature, et encore, en se sentant coupable d’y prendre tant de plaisir. Elle avait accepté ce reportage pour s’extraire de ses carcans, sans savoir à quel point elle allait être dépouillée.
Kaia ouvrit la porte pieds nus, vêtue d’un pantalon de cuir noir taille basse, sans rien d’autre qu’un bandeau couvrant ses seins. Son regard était brûlant. Animal. Elle ne dit pas bonjour. Elle se contenta d’un :
— Laisse tes chaussures. Et ton téléphone. Tu es en sécurité ici. Mais pas à l’abri.
Emma hocha la tête, son carnet tremblant dans la main. Le loft était un mélange d’atelier, de studio photo, de salle de jeu. Cordes suspendues. Crochets au plafond. Une croix de Saint-André. Une table capitonnée. Et des œuvres. De grandes toiles tachées de sueur, de cire, de sang parfois. L’art de Kaia naissait de la chair.
— Tu veux me poser des questions, Emma ? Je te propose une autre méthode. Tu m’observes. Tu ressens. Tu participes. Et ensuite, tu écris. D’accord ?
— Participer ? Comment ça… ?
— Mets-toi nue.
Le ton était calme. Pas un ordre, pas une suggestion. Une évidence. Emma hésita. Puis défila ses vêtements. Chemisier, jupe, petite culotte noire. Kaia s’approcha, tourna lentement autour d’elle. La toucha à peine. Une main chaude sur sa nuque, l’autre sur la cambrure de ses reins.
— Tu es trop tendue. Je vais t’ouvrir.
Avant qu’elle ne puisse protester, Kaia lui attacha les poignets dans le dos, avec des cordes souples mais serrées. Puis elle la fit s’agenouiller sur un coussin. Un bandeau glissa sur ses yeux. Le noir avala la pièce. Emma sentit chaque souffle devenir plus lourd.
Un premier claquement. Un paddle en cuir sur ses fesses. Elle sursauta. La douleur était vive, puis chaude, presque douce.
— Respire. Ne pense plus.
Kaia frappait à un rythme lent. Deux coups à gauche, un au centre, une caresse ensuite. Puis elle glissa une main entre ses cuisses. Emma était déjà mouillée. Dégoulinante.
— Tu te mouilles pour moi, petite journaliste ?
— Oui… j’ai… oui.
— Alors ouvre-toi.
Deux doigts pénétrèrent Emma. Profonds. Lents. Elle gémit. Kaia ajouta un troisième. Puis se recula. Emma se sentit vide. Suspendue.
Un jouet froid se posa contre sa fente. Un plug. Petit. Inséré doucement. Puis un vibromasseur fin et long qui entra sans prévenir. La vibration se déclencha d’un coup.
Emma hurla presque. Son dos s’arque, sa voix se casse. Kaia attrape ses cheveux, tire légèrement.
— Tu n’as pas encore joui. Ne t’avise pas de le faire sans mon autorisation.
Elle contrôlait tout. Le rythme, la profondeur, l’intensité. Elle alternait caresses et gifles, chaleur et tension. Emma ne savait plus où elle était. Le corps en feu, les jambes tremblantes, les yeux fermés. Ses cuisses dégoulinaient, son anus contracté par le plug vibrait à chaque mouvement.
— Tu veux jouir ? Demande-le.
— S’il te plaît… je t’en supplie, je veux jouir…
— Plus fort.
— FAIS-MOI JOUUUUIR !
Et Kaia obéit.
Elle augmenta la puissance. Et pressa ses doigts contre son clito déjà sur-stimulé. Une tempête explosa en Emma. Son cri résonna dans tout le loft, long, incontrôlable. Elle se convulsa, s’effondra à genoux, en larmes, en paix.
Kaia la détacha lentement, la prit contre elle, la porta jusqu’à une toile vierge posée au sol. Elle l’allongea dessus.
— Tu viens de naître. Tu es prête à écrire, maintenant ?
Emma hocha la tête. Encore essoufflée. Encore trempée.
— Oui… Mais je crois que je vais écrire un roman.