Dans son donjon (point de vue du soumis)
Avant ce jour, cette pièce n’était qu’une chambre parmi d’autres. Un simple espace de passage, sans véritable identité, sans réel pouvoir. Mais tout a changé le jour où elle a décidé de le transformer. Ce lieu, anonyme jusqu’alors, est devenu l’épicentre de tout ce qui allait redéfinir mes frontières. Ce n’était pas juste un décor, c’était son espace. Chaque objet, chaque meuble, portait sa signature. C’était comme si l’air lui-même était imprégné de son autorité.
Lorsque je suis entré pour la première fois, j’ai ressenti une tension invisible. La lumière, tamisée, semblait presque frémir autour de moi. Cette chambre, avec ses murs presque nus, n’était plus un lieu ordinaire. C’était ici que je découvrirais mes limites, mes peurs et mes désirs enfouis. C’était ici que tout se jouerait. Et je savais que ce soir-là, rien ne serait comme avant.
Le collier, posé là sur le meuble, me frappait de plein fouet. Il était là, évident, silencieux. Un symbole muet de ce qui allait se passer, mais aussi de ce que je devais devenir. Pas un mot. Juste ce collier, posé comme une évidence. Je ne devais pas poser de questions, je devais simplement accepter.
Je frappais à la porte. L’absence de réponse ne fit qu’amplifier l’anxiété qui se tordait dans mon ventre. Elle m’attendait. Je le savais. Lorsqu’elle me regarda, il n’y eut pas de surprise, juste une douce intensité. Elle n’avait pas besoin de parler. Son regard suffisait à me guider.
Elle me laissa approcher, lentement, sans que je sois capable de détourner les yeux. Chaque pas vers elle était un renoncement à une partie de ma résistance. Elle n’avait pas besoin de gestes excessifs pour qu’une forme de soumission naisse en moi. Simplement, elle était là, une présence imposante, remplie de cette autorité silencieuse qui m’enveloppait comme un voile.
Je me suis laissé faire. Un geste de sa part m’a ordonné de me déshabiller. Chaque mouvement était empreint d’une lenteur presque insoutenable, comme si le temps lui-même devenait plus lourd, plus pesant. Et moi, là, nu devant elle, je savais déjà que je n’avais plus de choix. J’étais l’objet de sa volonté, et je n’étais plus qu’une forme obéissante, attendant d’être façonné.
Puis vint le moment où elle posa ses mains sur mon corps. L’aspect froid du métal de la croix de Saint-André, les liens qui me tenaient, m’obligeaient à être vulnérable, à m’abandonner totalement. Elle me dirigea avec une douceur presque inquiétante, me faisant lever les bras, écarter les jambes. Le simple fait de me retrouver dans cette position, presque exposé à sa volonté, me fit frémir de l’intérieur.
C’est alors qu’elle fit quelque chose que je n’avais pas anticipé : le bandeau. L’obscurité, une obscurité totale, me figea dans un état de vulnérabilité absolue. J’étais à la merci de ses actions, de ses désirs. Chaque bruit, chaque mouvement autour de moi, semblait prendre des proportions gigantesques. Et, pourtant, il n’y avait rien à faire d’autre qu’attendre. Attendre qu’elle choisisse ce qu’elle voulait de moi.
Je sentis alors la chaleur de la peau de ses mains glisser sur mon corps. Ses caresses n’étaient pas des gestes de tendresse, elles étaient calculées, étudiées, savamment dosées. Parfois, la douleur du martinet, un coup brutal qui me fit grimacer, était suivie d’un instant de douceur. Chaque mouvement semblait me pousser un peu plus dans mes retranchements, m’obligeant à me détacher de tout ce que je pensais être moi. À chaque coup, à chaque effleurement, je sentais mes barrières se fissurer un peu plus.
Et puis, quand elle toucha plus près de mon intimité, ce fut comme une déflagration. Je sentais l’humidité s’accumuler à l’intérieur de moi, un mélange de peur et de désir qui ne faisait qu’intensifier la torture douce que je subissais. Elle m’observait, m’étudiait. Je savais qu’elle savait tout de moi. Tout ce que j’avais cherché à cacher, à éviter, elle le voyait, et elle l’utilisait contre moi.
Quand elle ôta le bandeau, je fus frappé par la lumière, par le retour à la réalité, mais j’étais déjà perdu. Je n’étais plus qu’un instrument, une silhouette dressée pour sa satisfaction. Elle se tenait là, devant moi, majestueuse, et je ne pouvais rien faire d’autre que me soumettre à sa volonté. Je savais ce que je devais faire. Elle m’avait guidé jusque-là, et maintenant c’était à moi de lui offrir tout ce que j’étais.
L’instant où je me suis agenouillé devant elle, là, avec la pleine conscience de ma position, je savais que c’était tout ce qu’elle attendait. Et moi, dans cette soumission totale, j’étais prêt à tout pour la satisfaire. Elle m’avait pris en main, me façonnant peu à peu selon ses désirs, m’amenant à un endroit où plus rien n’avait d’importance à part elle. Et quand elle se leva, m’ordonnant de la suivre, je savais que ce n’était pas juste un acte. C’était une transformation. Elle avait fait de moi ce que je suis devenu dans cet instant de dévouement total. Je lui appartenais, et ce sanctuaire qu’elle avait créé n’était plus qu’un symbole de notre relation : une relation de contrôle, de désir et de soumission absolue.