Lundi 28 août – 23h18
Je crois que j’ai vécu ma plus belle fin d’été. Ou au moins la plus indécente.
Ce matin encore, j’avais l’humeur molle, comme le sable froid quand les vacanciers ont plié bagage. La plage était presque vide, les serviettes colorées remplacées par des mégots oubliés, les enfants criards évaporés. Bref, c’était calme… trop calme. Et moi, j’étais là, à siroter un café en terrasse, en me disant que c’était le dernier avant le retour à la grisaille, au bureau, aux mails urgents et aux culottes en coton.
Et puis il est arrivé.
Je l’ai vu de loin. Une démarche nonchalante, comme s’il avait encore tout l’été devant lui. Short beige, t-shirt blanc un peu trop ajusté, la barbe négligée juste comme il faut. Il s’est assis à la table d’à côté, a commandé un café noir et a sorti un bouquin. Un vrai. Pas un téléphone. J’ai souri en coin.
On s’est regardés. Une fois. Deux fois. La troisième, il a souri aussi. Et merde.
On a échangé quelques banalités. La chaleur, le calme, les vacanciers partis. Et puis ça a glissé, naturellement. Il s’appelait Maxime. Il était là pour deux jours encore. Et il n’avait pas très envie de les passer seul. Il ne l’a pas dit comme ça, hein, mais ses yeux l’ont crié très fort.
On a marché un peu sur la plage. Je me suis sentie légère, drôle, jolie. Peut-être que c’était son regard, ou peut-être juste le vent tiède qui me remontait la robe. Il a fini par me prendre la main. C’était simple. Pas du tout comme dans les comédies romantiques où on se cherche pendant trois actes. Non. Là, on se voulait. Et c’était évident.
Chez lui, un petit studio de location avec vue sur la mer, les choses ont basculé vite. Il m’a embrassée dès qu’on est entrés. Un baiser chaud, décidé, qui disait : « Pas besoin de plus de mots. »
Je ne sais pas exactement comment j’ai perdu ma culotte. Ni à quel moment sa chemise a atterri sur la table basse. Mais ce que je sais, c’est qu’il a eu ce rire étouffé, un peu moqueur mais terriblement sexy, en découvrant que je ne portais rien sous ma robe.
— « T’es un cadeau de fin de saison », a-t-il soufflé.
Je n’ai pas répondu. Je l’ai poussé sur le canapé, et je suis montée sur lui. J’avais envie de prendre le contrôle, juste pour voir jusqu’où il tiendrait. Spoiler : pas très longtemps. Mais il a tenu assez pour me faire gémir trois fois. Peut-être quatre. Et j’ai aimé chaque minute.
Il avait ce truc rare : il faisait l’amour comme on danse un slow, avec les yeux ouverts. Il me regardait. Vraiment. Et il souriait. Pas le sourire niais. Non. Le genre qui dit « t’es incroyable » sans parler.
À un moment, on s’est retrouvés nus, collés contre la baie vitrée, avec la mer en fond de tableau. Il m’a prise debout, mes mains contre la vitre froide, ses mains sur mes hanches, ses lèvres dans mon cou. Et j’ai eu ce frisson – pas de plaisir seulement – mais de liberté, de folie douce. Le genre de moment qui te fait dire : tant pis pour demain, je vis maintenant.
On a fini dans les draps, essoufflés, le cœur battant, un peu moites, beaucoup heureux. Il m’a tendu une bouteille d’eau.
— « T’as besoin de récupérer un peu ? »
J’ai ri. Et je suis repartie pour un tour.
On a dormi peu. On a refait l’amour une dernière fois, lentement, comme on relit un passage qu’on a adoré. Et au matin, il m’a embrassée sur le front. Pas de grands discours. Pas de promesse. Juste un regard complice, un peu salé, comme la mer.
Je suis repartie pieds nus, ma culotte dans la poche, le cœur léger. L’été était fini, peut-être, mais pas mon sourire.
Et tu sais quoi ? Je crois que je vais me mettre à lire des livres sur les terrasses, moi aussi.