LIVRAISON TRÈS, TRÈS SPÉCIALE

LIVRAISON TRÈS, TRÈS SPÉCIALE

22h47. Dernière course de la soirée pour Jérémy, livreur de sushis. Son scooter vibre sous lui alors qu’il remonte une allée bordée de villas silencieuses. Pas le genre d’endroit où on commande un menu « Love Sushi » avec supplément gingembre.

L’adresse est étrange. Un portail en fer forgé. Une allée interminable. Et une porte massive qui s’ouvre… toute seule.

Il hésite. Vérifie son appli. Commande pour Madame L.

Pas de prénom. Pas de numéro. Juste cette immense maison où flotte un parfum d’épices et de mystère.

— « Entrez… »

La voix est suave, presque un murmure.

Jérémy avance, prudemment. Il traverse un salon feutré, où la lumière vacille comme si elle-même hésitait à rester. Sur une méridienne, une femme est assise.

Et quelle femme.

Robe noire fendue jusqu’au péché. Peau dorée sous la lueur tamisée. Et ce regard… indécent.

— « Ah… enfin. »

Il toussote, resserre sa prise sur le sac de livraison.
— « Votre commande. 48 euros, carte ou espèce ? »

Elle sourit, s’étire langoureusement.
— « Tu crois vraiment que j’ai commandé ces sushis pour les manger ? »

Jérémy cligne des yeux. Comment ça, pas pour les manger ?

Elle ouvre la boîte, lentement, et attrape un maki du bout des doigts. Puis, sans le quitter des yeux, elle l’écrase contre sa poitrine.

Jérémy sent son cerveau buguer.

— « Je… pardon ? »

Elle éclate de rire. Un rire bas, velouté.

— « J’aime les hommes qui obéissent. »

Obéir ? À quoi ?

Son corps lui envoie des signaux contradictoires : parcours inconnu, danger potentiel VS situation beaucoup trop excitante pour être raisonnable.

Et avant qu’il ne puisse réagir, elle attrape un petit pot dans le sac.

— « Du gingembre… parfait. »

Elle plonge un doigt dans la sauce soja, l’effleure sur ses lèvres et approche les siennes.

Jérémy se fige. Ça sent le piège. Mais un piège délicieux.

Puis elle prend un maki, le mordille, et le coince entre ses dents. Un défi silencieux.

Jérémy a toujours aimé les défis.

Il se penche, lentement. À peine a-t-il effleuré le maki du bout des lèvres qu’il sent une main appuyer doucement sur sa poitrine. Il bascule sur le canapé.

Elle s’installe à califourchon sur lui, joue avec une mèche de ses cheveux.

— « J’espère que tu n’as pas d’autres livraisons ce soir… »

— « Euh… non ? »

— « Parfait. »

Un silence électrique. Il entend son propre cœur battre contre sa cage thoracique.

Puis elle se redresse légèrement et attrape un autre sushi. Lentement, elle glisse un grain de riz sur sa langue, puis se penche et le laisse tomber juste à la base de son cou.

— « Récupère-le. »

Il est à deux doigts de l’explosion.

Mais au moment où il se décide enfin à jouer le jeu, un vrombissement retentit dans la pièce.

Son téléphone.

Il sursaute, paniqué. Elle recule à peine, le regard amusé.

— « Tu devrais répondre… »

D’une main tremblante, il attrape son portable. Son patron.

— « Jérémy ! T’es où ? Y’a une commande express à livrer en urgence ! »

Jérémy ouvre la bouche. Il sent encore la chaleur du corps de cette femme contre le sien. Son pantalon est devenu son pire ennemi.

— « Je… j’arrive. »

Il raccroche, la gorge serrée. Elle l’observe, visiblement ravie de son supplice.

Elle se penche une dernière fois à son oreille et souffle :

— « Dommage… mais je suis certaine que tu reviendras. »

Elle l’aide à se relever. Son jean est bien trop ajusté pour cacher son état.

Avant qu’il ne parte, elle glisse un bout de gingembre dans sa main et susurre :

— « Un avant-goût… pour la prochaine fois. »

Jérémy s’échappe presque en titubant, le cœur au bord des lèvres et l’entrejambe en feu.

Quand il remonte sur son scooter, il réalise une chose :
Il n’a jamais été aussi frustré de sa vie.

Et il sait déjà qu’il refera cette route, encore et encore…

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